Par Marie-Noëlle Deblois
Au début des années
2000, Équiterre était à la recherche de nouveaux locaux. Avec d'autres groupes
environnementaux et sociaux, l'organisation se lança le défi de construire un
bâtiment répondant aux normes environnementales les plus élevées. Cinq ans après son inauguration, l'heure
est au bilan.
Afin de répondre à sa mission de pôle de réflexion,
d’éducation et d’innovation sur le développement durable, la
Maison du développement durable (MDD) organisait, le 29 novembre, une
conférence-bilan sur le projet et l'impact des matériaux.
Il aura fallu cinq ans pour que la MDD passe de l’idéation au chantier. Pour le promoteur, il est temps de faire fi des idées préconçues afin de penser un édifice exemplaire. Une de ces technologies sera l'utilisation de l'outil d’évaluation Impact Estimator, un logiciel de l’Athena Sustainable Material Institute.
« Cet outil nous permettait d'analyser toutes les étapes du
cycle de vie des matériaux. Une véritable révolution à l'époque », explique
d'entrée de jeu Normand Roy, chargé de projet. Les résultats des études
comparatives permettront ainsi à l'équipe de conception de favoriser par
exemple, pour le revêtement extérieur, des briques de la Nouvelle-Écosse ou
encore des panneaux de fibrociment autrichiens. Malgré les impacts de transport,
ils répondaient mieux aux autres critères environnementaux.
Bois versus Béton
Le béton ne s’est pas imposé d’emblée comme
matériau de premier choix pour réaliser le système structural de la Maison du
développement durable. Équiterre avait en effet demandé une structure de bois.
À l'époque, le Code
national du bâtiment ne permettait pas la construction d'édifice de cinq
étages en bois. « Les ingénieurs nous ont expliqué qu'ils n'étaient pas certains
d'obtenir les dérogations nécessaires et que cela pourrait retarder le projet
de plusieurs mois. De plus, on estimait à deux millions de dollars le coût des
mesures à prendre pour répondre au Code
national de prévention des incendies », explique Normand Roy.
Après une étude comparative, la grande résistance du béton qui permet de maximiser les portées en nécessitant moins d’éléments de structure de soutien, la bonne capacité d’emmagasinage d’énergie en créant une masse thermique, la disponibilité au niveau local et la durabilité ont orienté le choix de l'équipe.
De plus, 20 % du ciment Portland a été remplacé par des ajouts cimentaires provenant de déchets postindustriels, comme les cendres volantes et les fumées de silice. Cette mesure aura permis d’éviter la production de 173 tonnes de CO2.
Les bons et les moins bons coups
Après analyse, 60 % des dommages environnementaux globaux du bâtiment sont attribuables au béton, 12 % proviennent du gypse et 7,2 % des tubulures d'acier.
La fenestration, qui représente près du tiers de l’enveloppe
du bâtiment, est aussi un élément d'impact important. « Mais pour nous, le mur-rideau
était un choix humain. On voulait offrir des espaces baignés de lumière
naturelle. Et, bien sûr, les verres triples sont plus polluants lors de leur
fabrication, mais on gagne en matière d'efficacité énergétique, poursuit
monsieur Roy. Chaque fois que l'on se focalise sur une étape du cycle de vie,
on fait un choix implicite d'impact. »
La Maison du développement durable est devenue le premier bâtiment au Québec à obtenir une certification LEED niveau platine NC, avec un pointage de 59 sur un total de 70. Après cinq ans d'exploitation, on évalue que la certification fonctionne bien et que les résultats sont au rendez-vous. Il ne reste plus qu'à faire de la MDD, non pas un exemple, mais bien la norme.