Par Sandra Soucy
Martin Roy, président de Martin Roy et associés, et Hugo Lafrance, directeur, Stratégies durables chez Lemay, reviennent sur leur incursion à Greenbuild 2018.
C'est sous le thème de Human x Nature que le McCormick Place de Chicago accueillait dans son enceinte, du 14 au 16 novembre, le plus grand événement du bâtiment durable au monde : le Greenbuild édition 2018. Dans la foulée de leur passage à la conférence et à l’exposition, deux LEED Fellows québécois déclinent, en vrac, leurs observations et coups de cœur.
Hugo Lafrance :
- « Première constatation à chaud, on remarque une signifiante multiplication des outils de certification par rapport aux années précédentes. J'ai eu l'occasion d'assister à plusieurs présentations portant notamment sur Sights, Net Zero, WELL et Fitwel. D'ailleurs, l'International Living Future Institute ainsi que le USGBC ont lancé une certification Zero Carbon. On s'aperçoit que l'enjeu ne concerne plus que LEED maintenant, ce qui m'encourage à me maintenir à la fine pointe quant à cette diversité d'outils émergents. »
- « Au cours de ma visite de l'exposition, j’ai constaté que de plus en plus de manufacturiers se positionnent du côté santé. Lors d'expositions précédentes, lorsqu'un manufacturier nous présentait un mur végétal, cela semblait relever de l'excentricité. Toutefois, au cours de cette présente exposition, j'ai pu en répertorier au moins quatre ou cinq. De plus en plus de nouveaux produits de cette catégorie s'y retrouvent même si, au premier coup d'œil, on ne voit que les mêmes grosses compagnies qui présentent d'année en année les mêmes produits. »
- « On retrouve aussi beaucoup de produits de fenestration efficaces avec différentes caractéristiques telles que des fenêtres électrochromatiques, certaines avec des stores intégrés, des fenêtres avec du verre photovoltaïque intégré, des puits de lumière avec différentes options et moult produits de ce genre. »
- « Toutefois, mon coup de cœur assuré va à tout ce qui est en regard avec la santé comme le WELL et le Fitwel. Beaucoup de recherche se fait présentement dans les universités américaines et on y retrouve beaucoup de contenu et de données. Un événement comme celui-ci nous donne l'occasion de nous tenir à jour dans ce domaine, en particulier en nous offrant du contenu frais, côté santé. »
Martin Roy :
- « Pour ma part, ce sont surtout les conférences qui ont retenu mon attention. La recherche portant sur la variabilité des paramètres de confort dont il avait été question il y a deux ans, lors du Greenbuild de Los Angeles, a pris du terrain cette année. Force est de constater comment la variabilité joue un rôle capital dans les bâtiments et pourrait se traduire, dans ce cas-ci, par le non-maintien des températures constantes à l'intérieur, à l'aide de débits d'air par exemple, afin que le confort soit modulé un peu comme il l'est dans la nature. Toutefois, cela implique qu'il faudra sortir de nos zones de confort si l'on peut dire... Avoir froid, un peu, puis sentir de la chaleur nous procure un sentiment de bien-être (ce qu'on appelle alliesthésie), un peu comme un courant d'air en pleine nature, suivi d'un rayon chaud. Cette sensation de bien-être vient contrecarrer le négatif du stress. Chercher du plaisir pour combattre le stress donne une piste sur la façon de construire des bâtiments afin de rendre les gens qui y vivent plus heureux. On commence à en parler et, cette année en particulier, j'ai remarqué que l'accent était plus grande. J'ai même eu vent que cela se retrouverait dans les codes, dont celui de l'ASHRAE 55. Je crois que cela va devenir une nouvelle façon de faire qui sera très intéressante. »
- « Comme le fait remarquer Hugo, on voit que les bâtiments les plus performants ne font pas qu'une chose ou l'autre. Les environnements se doivent d'être confortables, flexibles, performants, efficaces avec des énergies renouvelables, bref, des modèles complexes avec beaucoup de synergie comme dans les bâtiments net zéro. Il ne s'agit plus de technologie, mais de processus. »
- « Une autre de mes impressions du Greenbuild, c'est qu'il m'a semblé qu'il était moins fréquenté cette année. C'est moins "grassroot'' et plus corporatif. On remarque chez les gens différents intérêts, différents ''backgrounds''. Est-ce mieux ou pire ? Il y avait aussi moins de visiteurs internationaux. Peut-être est-ce dû au fait que depuis 2017, Greenbuild a pris de l'expansion au niveau international avec l'ajout de l'Europe, du Mexique, de la Chine et de l'Inde sous son chapiteau. »