Par Cynthia Bolduc-Guay
Zoom sur Gestimat 2.0 : un outil revu et amélioré pour décarboner le bâtiment
Mis en ligne en 2019, Gestimat est une plateforme web qui permet d’estimer et de comparer les émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à la fabrication des matériaux de structure et d’enveloppe de différents scénarios de bâtiments. Les récents ajouts apportés à cet outil gratuit le rendent encore plus complet et convivial à utiliser pour les concepteurs.
« L’idée de Gestimat était de permettre aux professionnels du bâtiment de prendre conscience de l’importance des émissions de GES attribuables à la fabrication des matériaux afin de les aider dans leurs choix de conception », explique Caroline Frenette, gestionnaire senior, Construction durable et formation chez Cecobois, l’organisme derrière la conception de cet outil. Financé par le Fonds vert, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts et Ressources naturelles Canada, l’outil prend en compte les émissions de GES liées aux matériaux pour différents systèmes de construction, dont ceux en béton armé, en acier ou en bois.
Depuis le début, l’accent a été mis sur la transparence des données utilisées et des calculs effectués. Afin d’assurer leur impartialité et leur rigueur scientifique, les données GES ont été développées par des centres de recherche spécialisés en analyse du cycle de vie. Les données incluses dans Gestimat sont tirées de bases d’inventaire de cycle de vie reconnues ou de déclarations environnementales de produits (DEP) afin d’être le plus représentatives possible du contexte québécois. Ceci assure la rigueur de l’outil.
« Les résultats présentés sont très détaillés afin que les professionnels puissent voir rapidement comment améliorer leur conception et où leurs choix ont le plus grand impact », précise la gestionnaire.
Élargir les bâtiments types disponibles
Une des forces de l’outil est l’intégration de bâtiments types précalculés. En effet, en sélectionnant quelques caractéristiques d’un bâtiment, l’outil calcule par lui-même des quantités génériques de matériaux afin de générer rapidement des scénarios comparatifs. « L’avantage est de permettre aux concepteurs d’avoir une idée générale des émissions de GES des différents matériaux de structure en phase d’avant-projet alors qu’ils n’ont pas forcément tous les détails », explique Caroline Frenette. Une fois le concept approuvé, les professionnels peuvent ensuite modifier les informations modélisées par le bâtiment type et y ajouter des données plus précises.
Au départ, Gestimat permettait de modéliser des édifices de bureaux d’un à six étages avec différentes trames structurales ainsi que des bâtiments d’un étage en portée libre, comme des entrepôts ou garages, avec des portées allant jusqu’à 20 mètres. Depuis l’été 2023, Cecobois a ajouté des écoles primaires (section classe et gymnase double), des gymnases d’écoles secondaires ainsi que des toitures de patinoires extérieures couvertes d’une portée de 30 mètres.
Dans le cas des écoles primaires, il est également possible de simuler différents types de structure pour la section des classes et pour le gymnase, offrant ainsi une plus grande flexibilité au plan de la modélisation.
Autre innovation : les utilisateurs ont également la possibilité de copier un scénario qu’ils ont déjà réalisé afin d’économiser du temps dans leurs modifications et leurs comparaisons.
Plus seulement pour la structure
Si l’outil a d’abord été conçu pour comparer les émissions de GES des matériaux de structure, il est maintenant possible d’inclure les matériaux de l’enveloppe du bâtiment. Les professionnels ont ainsi accès aux données pour différents matériaux de murs et de toitures.
De plus, Gestimat considère également les émissions de GES liées à la fabrication des éléments d’assemblages et des supports dans les systèmes d'enveloppe et de structure, ceux-ci ayant des impacts environnementaux non négligeables.
Une demande croissante
Disponible en français et en anglais, Gestimat compte aujourd’hui près de 1 000 utilisateurs. « Les émissions de GES intrinsèques sont une information de plus en plus demandée par les gouvernements », souligne la gestionnaire de Cecobois. Elle précise également que certains programmes gouvernementaux, comme le Programme d'amélioration et de construction d'infrastructures municipales (PRACIM) et le Programme d’innovation en construction bois (PICB), ainsi que la Société québécoise des infrastructures (SQI) demandent aux concepteurs d’utiliser Gestimat afin de documenter l’empreinte carbone des matériaux de construction utilisés.
Éventuellement, Cecobois aimerait intégrer davantage de matériaux d’enveloppe à Gestimat et bonifier le nombre de bâtiments types disponibles. « On voudrait ajouter plus de bâtiments types pour augmenter la diversité des bâtiments pouvant être analysés facilement en avant-projet, incluant plus de configurations d’écoles, des centres sportifs, des maisons des aînés et des bâtiments d’accueil », énumère Caroline Frenette. Elle mentionne également la volonté d’inclure les données concernant le transport, l’entretien et la fin de vie des matériaux afin de présenter un cycle de vie encore plus complet.