Aller au contenu principal
x

Le bannissement du bois promet de changer les façons de récupérer sur les chantiers. 

Par Benoit Poirier 

L’éventuelle interdiction d’éliminer le bois dans les sites d’enfouissement est appelée à avoir un impact majeur sur la performance de récupération du secteur du bâtiment. D’une part, parce qu’il s’agit d’une matière qui est générée à fort volume et, d’autre part, parce que le fait de la diriger vers des centres de tri devrait s’accompagner d’un effet d’entraînement sur d’autres matières qui auraient autrement pris le chemin de l’enfouissement. 

« Le bannissement du bois va amener les entrepreneurs à changer leurs façons de faire sur les chantiers, et encore plus ceux qui envoient systématiquement leurs matières résiduelles à l’élimination, indique Sara-Emmanuelle Dubois, présidente de Novaxia et vice-présidente du 3R MCDQ. Ils n’auront pas vraiment le choix, soit de procéder à un premier triage sur place, soit d’expédier leurs résidus pêle-mêle vers une infrastructure de tri. C’est là que le bois va être séparé selon ses différentes catégories, car le résidu peint ne sera pas dirigé sur le même site que celui à l’état neuf par exemple. » 

Sébastien Richer est bien d’accord. : « Dès l’annonce du projet, indique l’ancien président du 3R MCDQ, il y a beaucoup de gens dans l’industrie de la construction qui ont été interpellés. Ils savaient qu’ils auraient éventuellement à prendre des mesures. J’ai eu alors beaucoup de demandes d’entrepreneurs qui voulaient savoir comment il leur faudrait procéder. Certains désiraient même commencer à détourner tout le bois de l’élimination sans attendre pour être fin prêts quand l’interdiction serait mise en application. » 

Éviter la contamination

Aux yeux de Sara-Emmanuelle Dubois, l’entrepreneur doit nécessairement articuler sa stratégie de mise en valeur des matières résiduelles sur la ségrégation des matières au chantier. Il peut alors décider de rejeter les différents types de bois dans un seul conteneur ou encore dans un autre contenant divers résidus. Dans ce cas, il lui faudra toutefois prendre bien soin d’éviter toute contamination susceptible d’altérer la valeur des résidus de bois sur les marchés du recyclage et de la valorisation. 

Si le bois peut être déposé dans un conteneur avec des matériaux secs comme les plastiques ou les agrégats, il en va tout autrement avec d’autres résidus qui contribueront à détériorer la condition de la matière. Comme le goudron, les adhésifs, les peintures, les aérosols, les solvants, les acides et les colles, pour ne citer que ces exemples évidents. 

« À partir du moment où un entrepreneur va s’assurer de ne pas contaminer le bois et de récupérer cette matière, il y a de fortes chances qu’il fasse de même avec d’autres résidus, avance Sara-Emmanuelle Dubois. Et le fait de faire transiter le bois par une infrastructure de tri avec d’autres résidus va faire en sorte que beaucoup plus de matières vont trouver une seconde vie dans les différentes filières d’écoulement. »