Bien positionné auprès du puits géothermique et du verre triple comme un des acteurs incontournables de l’efficacité énergétique, on retrouve l’éclairage. Mais l’éclairage vit actuellement un bouleversement comme peu de systèmes en ont vécu dans les dernières décennies.
Ce qu’on peut qualifier d’éclairage traditionnel, soit le fluorescent et la décharge haute intensité, est clairement sur la voie d’évitement. D’autres sources comme l’incandescent et le fluocompacte sont carrément en voie d’extinction. Les diodes électroluminescentes (DEL) s’imposent clairement en vainqueur, mais celles-ci ne rendent pas d’emblée un système d’éclairage efficace.
L’efficacité transcende en fait l’utilisation de produits efficaces, elle doit être plutôt réfléchie et planifiée comme un tout. Le « tout » d’un système d’éclairage est en fait composé de deux autres éléments tout aussi importants, sinon plus, que les appareils eux-mêmes : le contrôle et la mise en service.
Un système d’éclairage efficace pourrait donc être décrit comme étant un assemblage cohérent d’appareils d’éclairage performants et judicieusement positionnés, d’un système de contrôle d’éclairage optimisant le temps d’utilisation et la quantité de lumière artificielle face aux besoins réels des utilisateurs, et finalement, d’une mise en service réalisée avec soin afin de s’assurer que l’ensemble fonctionne comme prévu.
Cela pourrait paraître paradoxal, mais un système d’éclairage efficace devrait être conçu pour minimiser l’utilisation des sources artificielles, tout en maximisant l’utilisation de l’éclairage naturel. Il y a plusieurs façons d’atteindre ce but et toutes ne dépendent pas simplement de choix technologiques.
On voudra en premier lieu maximiser l’apport d’éclairage naturel à l’intérieur du bâtiment ; des fenêtres bien sûr, mais aussi des bandeaux vitrés dans les parties hautes des partitions intérieures, des puits de lumière, des tablettes réfléchissantes, une orientation réfléchie du bâtiment, un aménagement intérieur favorisant les espaces ouverts au périmètre. La lumière artificielle reste nécessaire même en implantant de telles solutions, mais celles-ci nous offrent une opportunité de limiter son utilisation. L’emploi de détecteurs de luminosité permettra de moduler l’intensité de l’éclairage artificiel en fonction de l’apport d’éclairage naturel. Remarquez le mot « moduler »…l’action de fermer et ouvrir l’éclairage unilatéralement n’est pas recommandée, elle est brutale et désagréable pour les occupants, tandis qu’une gradation continue permettra une meilleure économie tout en restant imperceptible pour les usagers.
L’autre opportunité qui s’offre à nous afin d’économiser de l’énergie via le système d’éclairage est la détection de présence. La détection de présence permet d’allumer et d’éteindre l’éclairage artificiel d’un secteur donné en fonction de son occupation. Il s’agit probablement de la mesure la plus simple et la plus efficace à implanter dans un bâtiment. Le positionnement et l’ajustement des détecteurs est aisé et les coûts associés sont relativement faibles. Pour de petites pièces, l’usage systématique d’interrupteur avec détecteur de présence intégré est de mise. Pour de plus grandes superficies, on privilégiera des détecteurs omnidirectionnels contrôlant des groupes d’appareils ayant la même fonction. Par exemple, dans un entrepôt, on pourrait prévoir un détecteur par rangée. Les détecteurs de présence ont une double fonctionnalité : il apparaît trivial qu’ils contrôlent l’éclairage, mais nombre d’entre eux offrent aussi la possibilité de contrôler d’autres systèmes comme la climatisation. Effectivement, un détecteur muni d’un contact auxiliaire pourra communiquer au système de gestion du bâtiment qu’une pièce est inoccupée et ainsi stopper ou réduire la ventilation de celle-ci. Voilà un bel exemple de synergie qu’un système de contrôle bien conçu permet et qui dépasse largement le rôle primaire qu’on lui accorde.
Une troisième facette d’un système d’éclairage efficace est la modularité. Les usagers ont différents besoins en fonction des tâches qu’ils ont à accomplir et il apparaît important de nos jours d’adapter les niveaux d’éclairage en conséquence. Nous poursuivons deux buts en concevant ainsi le système d’éclairage : l’économie d’énergie et le confort des usagers. L’exemple le plus concret est l’éclairage de bureau. Dans une aire ouverte, on doit évidemment prévoir un éclairage général fonctionnel pour la majorité des occupants, mais divers facteurs font en sorte que ce ne sera pas suffisant : l’âge des occupants, leurs tâches et leurs goûts personnels, tout simplement. C’est pourquoi on prévoit maintenant de l’éclairage de tâche à chaque poste de travail. Cela permet à l’usager de moduler le niveau d’éclairage localement afin de répondre à ses propres besoins, d’où la notion de confort. On économise de l’énergie, car en faisant ainsi, au lieu de fournir le niveau d’éclairage général nécessaire à ce que l’on pourrait qualifier de « pire cas », on fournit le niveau minimalement requis.
Un système bien conçu ne saurait être complet sans une mise en service impeccable. Des détecteurs de luminosité mal calibrés ne donneront pas les résultats escomptés et rendront l’éclairage inconfortable pour les occupants. Des détecteurs de présence mal orientés se révèleront inutiles et frustrants pour les usagers. La qualité de la mise en service n’est pas une portion de ce qui rendra un système d’éclairage efficace, elle est ce qui fera en sorte qu’il fonctionne ou non. Pour ce faire, la tendance est à la rédaction de devis de performance expliquant clairement les buts recherchés et les fonctionnalités voulues du système, plutôt qu’à la description technique des produits qui devraient le composer. Doublés de l’apport d’un agent qualifié de mise en service, les résultats seront au rendez-vous.
Diodes électroluminescentes, vedettes de l’efficacité énergétique que vous êtes, faites preuve d’humilité, vous n’êtes qu’un morceau du casse-tête.