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12 octobre 2011

Par Léa Méthé Myrand, chargée de projets chez Écobâtiment

En période de crise dans le milieu de la construction et de l’immobilier, le gazon est plus vert du côté du bâtiment durable, c’est la leçon de Greenbuild 2011.

 À en juger par l’ambiance qui régnait à cet événement, tenu du 4 au 7 octobre à Toronto, la communauté du bâtiment durable en Amérique du Nord a le vent dans les voiles. Elle est motivée par la croissance soutenue de la niche écologique, qui persiste même dans un climat économique incertain. En effet, McGraw-Hill dévoilait lors de l’événement que la part des projets verts aux États-Unis, qui représentait 12 % du marché vigoureux de 2008, comptait pour 35 % en 2010 à la suite de la crise. La firme de recherche avance que le bâtiment durable pourrait représenter près de la moitié du marché de la construction neuve en 2015.

En dépit des sombres pronostics du journaliste Thomas Friedman, conférencier d’honneur de Greenbuild, sur l’instauration d’une taxe-carbone aux États-Unis, plusieurs programmes émanant de juridictions locales, d’institutions publiques et même d’entreprises privées alimentent la tendance verte en construction. Par exemple, La Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) a lancé le Green Refinance Plus, un programme destiné à financer les rénovations éconergétiques dans les immeubles à logements subventionnés.

Puisque les propriétaires hésitent généralement à réaliser des améliorations en efficacité énergétique qui ne profitent qu’aux occupants, la Ville de New York a elle aussi fait preuve de créativité en rédigeant la Energy Aligned Lease. Il s’agit d’une entente type qui permet aux propriétaires et locataires d’espaces commerciaux de se partager les coûts et bénéfices des travaux. Avec sa politique Greener, Greater Buildings Plan, dont fait partie cette initiative, la Ville espère réduire de 5 % ses émissions de gaz à effet de serre et créer 17 800 emplois.

Le problème qui semblait se poser à Greenbuild était plutôt celui de l’offre que de la demande : qui réalisera tous ces travaux ? McGraw-Hill fait état d’un vieillissement inquiétant de la main-d’œuvre en construction et d’un besoin criant pour des qualifications liées à l’environnement. En 2014, la firme estime que 45 % des architectes et ingénieurs seront appelés à travailler sur des projets certifiés durables. Ce sera également le cas pour 25 % des gens de métiers. L’invitation à joindre les rangs des « cols verts » vient avec le gage de salaires et d’une sécurité d’emploi supérieurs à ceux du milieu de la construction conventionnelle.

 À la conférence de clôture de Greenbuild 2011, un cortège de visionnaires, dont le maire de New York Michael Bloomberg, l’ingénieure et artiste, Natalie Jeremijenko et l’architecte John Picard se sont assurés, par leurs élocutions passionnées, que les spectateurs retournent à leurs pratiques avec un engagement renouvelé envers le développement durable. En attendant la taxe-carbone, les 23 000 participants à Greenbuild et leurs collègues préparent le terrain pour que, le temps venu, les méthodes et technologies vertes soient à point.