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Avancée éconergétique pour l’Hôpital de Maria

20 septembre 2011

Le recours à une chaufferie à la biomasse forestière se révèle non seulement économique, mais aussi écologique. Comme en témoigne la conversion de l’Hôpital de Maria, en Gaspésie.

Les coûts de l’énergie sont volatils depuis plusieurs années. Pour les gestionnaires de grands édifices publics comme les hôpitaux, souvent dépendants des sources d’énergie traditionnelles comme le mazout, la biomasse forestière s’avère une avenue intéressante. D’autant plus qu’elle s’inscrit dans une perspective de développement durable.

L’Hôpital de Maria, en Gaspésie, a choisi de convertir ses installations et se doter d’une chaufferie à la biomasse forestière pour septembre 2012. Ce virage s’inscrit dans la Charte d’engagement vers le développement durable adoptée en mai dernier par le Centre de santé et de services sociaux de la Baie-des-Chaleurs (CSSSBC).

La chaudière à la biomasse fournira 94 % des besoins de vapeur de l’hôpital dédiés au chauffage du bâtiment, au service de buanderie, à la cuisine, à la stérilisation ainsi qu’à la production d’eau chaude domestique. La chaufferie sera située à proximité de l’hôpital, auquel elle sera reliée par un corridor souterrain. Le projet coûtera un peu plus de 2,9 millions de dollars.

Choix écologique et économique

Du point de vue environnemental, une réduction de 183 tonnes de gaz à effet de serre est escomptée avec l’interruption d’une consommation de 120 000 litres de mazout léger par année. Un filtre sera installé sur la cheminée afin de diminuer les particules émises dans l’air par la combustion du bois. Les rejets particulaires ne doivent pas dépasser 150 milligrammes de particules fines par mètre cube d’air.

Les économies anticipées sont de l’ordre de 325 000 dollars par année. Si l’on exclut les remboursements en capital et intérêt, l’économie annuelle sera de 205 000 dollars. En cinq ans, c’est un peu plus de 1,1 million de dollars qui aura ainsi été épargné.

Sous le couvercle de la chaudière

Plusieurs modèles de chaudière sont disponibles sur le marché. L’Hôpital de Maria a opté pour le modèle à grilles mobiles d’une puissance de 2 750 kW. Ce dernier est reconnu sur le marché pour son efficacité de combustion avec plusieurs types de biomasse, selon Ecosystem, une entreprise québécoise spécialisée en services énergétiques.

Par contre, une chaudière à la biomasse nécessite plus d’entretien qu’une autre fonctionnant à l’huile ou au mazout, notamment en raison du nettoyage de la chambre de combustion et des tubes de fumée du vaisseau sous pression ainsi que de la récupération des cendres.

L’hôpital construira un bâtiment de 306 mètres carrés pour accueillir la nouvelle chaufferie. Un tiers de l’espace sera consacré à la réserve (entrepôt) de la biomasse forestière, qui aura une autonomie de quatre jours.

Pour alimenter la chaudière, la réserve aura un plancher mobile de type racleur, qui approvisionnera un convoyeur en direction de la chambre de combustion. C’est un système de vis sans fin qui distribuera la biomasse forestière à l’intérieur de la chaudière. Ensuite, on chauffera la matière par radiation en deux temps afin d’éliminer l’humidité par évaporation. À la fin du processus, 5 % du volume brûlé sera rejeté en cendres.

L’appel d’offres pour construire le bâtiment sera lancé en novembre alors que celui pour l’acquisition de la chaudière est prévu en octobre.

Récupérer la biomasse

La filière de la biomasse forestière arrive à maturité parmi un éventail en pleine croissance des énergies renouvelables. Elle se résume à tout bois qui n’a pas de valeurs marchandes dans les débouchés traditionnels comme les scieries, les papeteries ou les panneaux de bois.

Les plaquettes de bois sont constituées « de résidus de coupes forestières, c’est-à-dire les parties d’arbres et de tiges non marchandes qui sont laissées sur le parterre de la coupe quand l’on récolte le bois de valeur commerciale », indique la Fédération québécoise des coopératives forestières.

L’hôpital de Maria sera approvisionné par l’Association coopérative forestière de Saint-Elzéar, située à proximité de l’hôpital.

Le projet supporte très bien la comparaison avec les poêles à bois conventionnels, qui sont malmenés dans l’opinion publique. Une chaudière qui carbure à la biomasse forestière n’est pas comparable avec le poêle domestique, fait remarquer Renaud Savard, président de la Firme de Gestion Conseils PMI d’Amqui. Le spécialiste s’occupe du projet de l’Hôpital de Maria.

« Ce sont 2 000 milligrammes de poussières par mètre cube d’air autour de la cheminée pour un poêle à bois, tandis que pour une chaudière, ce sont 150 milligrammes. La différence est énorme », constate-t-il. C’est le procédé de combustion qui creuse ce fossé.

« On contrôle la température dans la chambre de combustion avec de l’air primaire et secondaire que l’on filtre par multicyclone avant de l’envoyer dans la cheminée, précise-t-il. On réduit donc les particules dans l’air. »

Soulignons que l’an prochain, il y aura sept projets de chaudière à la biomasse forestière dans les édifices publics situés dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.