Moderniser le système d’éclairage d’un bâtiment, c’est économiser à la fois énergie et argent.
Si l’éclairage des bâtiments institutionnels, commerciaux et industriels a longtemps été considéré comme une dépense peu productive et à faible potentiel économique, il en va tout autrement aujourd’hui. Surtout que les propriétaires d’immeubles peuvent désormais recourir à des solutions éconergétiques performantes pour abaisser substantiellement leurs frais d’éclairage. Les économies seront d’autant plus importantes qu’elles seront proportionnelles au manque d’efficacité du système à moderniser.
L’ingénieur-conseil Yanick Vaillancourt estime qu’ils sont nombreux au Québec les bâtiments qui profiteraient d’une mise à niveau de leur système d’éclairage. Il inclut dans le lot tous les immeubles dont les locaux sont éclairés 24 heures par jour, sept jours par semaine ; ceux qui utilisent encore des lampes fluorescentes T-12 de plus de 10 ans ; et tous ceux dotés de lampes au mercure et aux halogénures. Bref, nombre d’immeubles de bureaux, de commerces, d’écoles, d’hôpitaux et d’usines.
Gilles Meunier, spécialiste en éclairage chez Hydro-Québec, explique qu’il reste encore beaucoup de lampes de « vieille génération » en fonction dans les immeubles, compte tenu du fait que leur durée de vie est assez longue (20 000 à 25 000 heures). Bien des propriétaires et gestionnaires ne jugent pas prioritaire de les remplacer, espérant se rendre à la limite de la durée de vie de leur matériel. Avec pour résultat qu’il leur en coûte davantage en dépenses d’éclairage.
Pour convaincre les sceptiques du bien-fondé de la mise à niveau éconergétique de l’éclairage, Gilles Meunier invite à faire un petit calcul en prenant en exemple le remplacement d’un luminaire à deux lampes fluorescentes T-12 de 72 watts avec ballast magnétique, par un luminaire équivalent T-8 de 50 watts avec ballast électronique de catégorie 2. En multipliant la réduction de la consommation d’électricité obtenue par appareil ( 22 watts) par le nombre d’heures d’utilisation par année (entre 3 000 et 4 000 heures en moyenne) au tarif moyen de 0,09 $/kWh et par le nombre de luminaires dans le bâtiment, les économies potentielles peuvent atteindre des centaines, voire des milliers de dollars par année.
Pour l’expert de la société d’État, le jeu en vaut certainement la chandelle, surtout quand on sait que l’éclairage représente entre 25 et 30 % de la facture d’électricité dans le secteur commercial. Une mise à niveau des systèmes d’éclairage permet généralement de réduire de 15 à 30 % cette facture, selon les secteurs d’activité. Mais attention aux effets croisés ! « Même si je coupais de moitié ma consommation d’électricité, prévient-il, ça ne réduirait pas nécessairement ma facture d’autant. »
C’est que les effets croisés du chauffage, de la climatisation, de la ventilation et de l’éclairage au gré des saisons peuvent diminuer les rendements escomptés. D’où l’importance de procéder à des évaluations et des analyses rigoureuses et parfois même à des simulations avant d’entreprendre la mise à niveau de l’éclairage, car il est crucial de bien définir ses besoins dès le départ pour être en mesure de préparer le meilleur plan de match possible.
Yanick Vaillancourt signale qu’il existe deux sortes de mise à niveau. La première en est une de base qui consiste à remplacer seulement les tubes et ampoules, les ballasts et les lentilles ou diffuseurs prismatiques. La seconde implique le remplacement complet des appareils d’éclairage en profitant de l’occasion pour refaire le design de l’éclairage afin d’en accroître au maximum les performances. Dans ce dernier cas, on dépasse le stade de la seule recherche de l’économie d’énergie, en visant le haut de gamme des technologies et en exploitant l’éclairage direct et indirect ainsi que l’éclairage naturel.
Investir dans l’économie
En matière d’éclairage, économiser signifie aussi investir. Dès lors, il faut bien se garder de rogner sur la qualité des équipements et sur la pertinence de l’intervention, car un éclairage inapproprié peut avoir pour effet de diminuer le confort visuel des occupants d’un édifice et, par le fait même, leur performance au travail. Le plus souvent, il n’en résultera donc que des économies de bouts de chandelle.
Le principal facteur qui motive un propriétaire d’immeuble à mettre à niveau ses systèmes d’éclairage, selon Ronald Tremblay, président du Groupe Lumitech, est le recouvrement de l’investissement. La norme dans l’industrie oscille entre deux et trois ans. « Si c’est plus long, dit l’expert montréalais, le projet doit être justifié et argumenté. »
Par expérience, il conseille de commencer avec les enseignes de sortie. Le remplacement des ampoules incandescentes de 15 ou 25 watts par des diodes électroluminescentes (DEL) de 5 à 8 watts procurera des économies d’énergie et un recouvrement de l’investissement rapidement. Même chose avec les luminaires des corridors, des escaliers et des garages souterrains, en usage 24 heures sur 24.
Le remplacement des tubes fluorescents T-12 avec ballast magnétique par des tubes T-8 avec ballast électronique est non seulement une valeur sûre, mais deviendra obligatoire à compter du 1er avril 2010. Il est également possible d’abaisser les niveaux d’éclairement avec des ballasts moins énergivores et plus intelligents, dans les restaurants par exemple, ou dans des locaux nécessitant moins d’éclairage ou sans activité. Dans les magasins à grande surface, il y a aussi de bonnes économies à faire en remplaçant les systèmes de lampes aux halogénures métalliques par des tubes T-5 haute efficacité, et ce, sans perte d’éclairement.
Il est également possible d’obtenir diverses combinaisons d’éclairage efficaces avec les ballasts électroniques, simplement par la façon de les relier à des interrupteurs sur des circuits séparés. Du reste, leur durée de vie s’en trouve ainsi augmentée jusqu’à 30 000 heures.
Ronald Tremblay souligne qu’il existe bien d’autres technologies d’éclairage qui font appel tantôt à des détecteurs de mouvements, tantôt à des détecteurs à infrarouge ou à ultrason reliés à des automates programmables. Ils permettent d’optimiser l’éclairage d’un immeuble selon les saisons et les niveaux d’activité dans les locaux.
Bref, ce ne sont pas les solutions qui manquent, tant l’éclairage est un aspect du bâtiment qui a beaucoup évolué depuis une dizaine d’années. « On n’en est plus au défrichage, fait remarquer, Yanick Vaillancourt. Les technologies ont fait un grand bond et sont au point. De plus en plus de gens sont au courant et les économies sont au rendez-vous. »
L’exemple de la SIQ
Ce n’est pas à la Société immobilière du Québec (SIQ) que l’on va le contredire. C’est que le gestionnaire du parc immobilier du gouvernement québécois, qui a élevé l’efficacité énergétique au rang de ses priorités voilà plus de 20 ans, accorde désormais une attention toute particulière à la consommation en énergie des systèmes d’éclairage de ses édifices en propriété (1,6 million de mètres carrés sur les 2,9 millions que totalise son parc).
Bernard Sicotte, son coordonnateur aux dossiers spéciaux et stratégiques explique : « Depuis le début des années 90, nous avons profité des percées technologiques des fabricants de produits d’éclairage, qui proposaient de nouveaux produits à la fois efficaces et intéressants sur le plan des coûts. Tout comme l’évolution de notre norme d’éclairage, puisque nous n’avions plus besoin d’autant d’intensité lumineuse avec l’avènement des écrans d’ordinateur dans les bureaux. En tenant compte de l’usage combiné ordinateur/papier, elle est passée de 550 à 400 lux. »
À telle enseigne que la SIQ s’est engagée dans un important programme portant sur le remplacement progressif des tubes fluorescents T-12 avec ballasts magnétiques par des tubes T-8 avec ballasts électroniques. Près de 65 % de ses immeubles ont ainsi été convertis à ce jour et elle vise à atteindre le cap des 90 % d’ici cinq ans.
« À valeur lumineuse égale, on devait auparavant utiliser deux tubes T-12 qui consommaient près de 100 watts, précise Bernard Sicotte, architecte de formation qui est aussi responsable du développement durable à la société d’État. Maintenant, on utilise généralement deux tubes T-8 qui consomment seulement 58 watts. Déjà, il y a là une intéressante économie de consommation. »
Au Complexe scientifique de Québec, pour ne citer que cet exemple, la SIQ a remplacé pas moins de 6 250 luminaires contenant chacun trois tubes T-12 et alimentés par deux ballasts magnétiques. Après avoir repeint l’intérieur de chacun des luminaires en blanc lustré pour obtenir le maximum de réflexion lumineuse, elle y a installé un tube T-8 avec ballast électronique. Résultat : la consommation énergétique de l’éclairage y est passée de 185 000 à 40 000 dollars par an.
De façon générale, note Bernard Sicotte, la SIQ a aussi tiré profit des avancées technologiques en matière de contrôle de l’éclairage. Aujourd’hui, elle a systématiquement recours au balayage par étage pour éteindre automatiquement les luminaires de ses édifices. Et elle est à appliquer ou à explorer d’autres solutions pour raffiner ses interventions éconergétiques en matière d’éclairage, notamment le contrôle par zones, l’ajustement périphérique et la détection de présence.
« La mise à niveau des systèmes d’éclairage des bâtiments est certainement un investissement rentable, conclut Bernard Sicotte. Non seulement mène-t-elle à des économies monétaires non négligeables, mais aussi permet-elle de réduire la consommation de la ressource énergétique. »
Les cinq étapes à suivre pour toute mise à niveau éconergétique d’un système d’éclairage :
- Identifier les activités dans le bâtiment et les besoins en éclairage des occupants.
- Inventorier l’équipement et l’aménagement des locaux (sources d’éclairage, couleurs des murs, fenestration, présence de partitions ou de cloisons, etc.).
- Recourir à des professionnels de l’éclairage pour choisir les équipements en fonction des niveaux d’éclairage recherché, évaluer les coûts de remplacement, effectuer des simulations, estimer les économies d’énergie réalisables, identifier les possibilités d’aide financière.
- Préparer un devis et un plan d’intervention incluant l’achat ou la modification du matériel.
- Faire appel à des professionnels accrédités pour assurer l’installation du matériel conformément aux normes en vigueur (maîtres électriciens).
Démarche suggérée par Gilles Meunier, spécialiste de l’éclairage à Hydro-Québec
Les ballasts magnétiques, comme ceux utilisés avec les tubes fluorescents T-12, font l’objet d’un retrait progressif du marché canadien depuis le 1er avril 2005. Le Règlement sur l'efficacité énergétique du Canada exige en effet que les ballasts pour lampes fluorescentes respectent une norme éconergétique minimale pour être importés ou expédiés entre les provinces aux fins de vente ou de location au Canada. Depuis 2006, il ne s’en fait plus pour les équipements neufs quoi qu’il s’en fasse encore comme pièce de remplacement pour les équipements existants. Mais depuis le 1er avril 2010, les ballasts magnétiques et les lampes T-12 ne sont plus en vente et doivent être remplacés par des ballasts électroniques et des tubes fluorescents T-8 (d’un pouce) au meilleur rendement lumens/watt. C’est donc le temps de procéder à une conversion.
Pour aider les clients d’affaires de petite et moyenne puissance à adopter des mesures d’économie d’électricité dans leur bâtiment, Hydro-Québec offre une aide financière basée sur la performance des systèmes et sur l’adoption de solutions technologiques adaptées aux particularités de chaque bâtiment. Dans le volet Produits efficaces du programme Appuis aux initiatives - Optimisation énergétique des bâtiments, par exemple, Hydro-Québec offre une remise à l’achat de produits d’éclairage qui englobe les lampes fluocompactes, les fluorescents T-5, les fluorescents T-8 avec ballast de catégorie 1 ou 2, les halogènes et halogénures métalliques efficaces, les indicateurs de sortie à DEL et les lampes à sodium à haute pression. Pour en savoir plus, visitez le site internet à l’adresse suivante : www.hydroquebec.com/mieuxconsommer/index.html