Avec la récente inauguration de l’Oasis Nature et le lancement du futur Éco-campus Hubert Reeves, Technoparc Montréal s’engage dans un véritable virage vert. Ce virage, qui représente des investissements globaux d’environ 200 millions $ d’ici 2020, se concrétisera au sud du parc scientifique du Campus Saint-Laurent, sur un immense site de 20 hectares comportant plusieurs milieux sensibles. En plus de s’engager à préserver et à mettre en valeur 50 % de ces espaces naturels, Technoparc Montréal envisage d’y construire huit édifices dédiés à l’implantation d’entreprises de recherche et développement actives dans le secteur des technologies propres.
« Au cours des 15 dernières années, on a surtout tablé sur l’aéronautique, les sciences de la vie et les technologies de l’information pour développer notre infrastructure, rappelle Sylvain Ouellette, directeur Technologies propres pour Technoparc Montréal. Mais ces secteurs sont présentement en baisse, alors que depuis environ trois ans on constate que les écotechnologies connaissent un bel essor. D’un autre côté, les entreprises actives dans ce domaine sont plutôt satellitaires. Il n’y a pas au Québec de regroupement d’entreprises comme on en voit à Vancouver, par exemple. On a donc décidé de créer un environnement propice à leur croissance afin de les attirer chez nous. »
Hubert Reeves comme porte-parole
Pour ce faire, Sylvain Ouellette s’est d’abord mis en quête d’un porte-parole. Le nom d’Hubert Reeves s’est rapidement imposé. Monsieur Reeves fait en effet la promotion de ce genre de concept en Europe. De concert avec le célèbre astrophysicien, Sylvain Ouellette a poussé plus loin son projet d’éco-campus, qui prévoit la préservation de plusieurs milieux naturels – marais, érablière, peupleraie –, et la création d’une petite communauté d’affaires évoluant en harmonie avec l’environnement.
« Habituellement, lorsqu’on amorce un développement immobilier, on déboise, on construit puis on reboise, résume le gestionnaire qui détient un diplôme de 2e cycle en gestion environnementale. Nous, on a décidé de faire l’inverse, c’est-à-dire de protéger autant que possible le milieu naturel et de le valoriser. Notre plan d’aménagement prévoit d’ailleurs la construction de passerelles afin de favoriser l’appropriation des lieux. »
Il ajoute que de nombreux efforts seront consentis à la gestion des eaux de ruissellement afin de ne pas nuire à ces milieux fragiles, aujourd’hui peuplés de castors, de couleuvres et de grenouilles. On misera notamment sur des toitures végétalisées, des stationnements à canopée (toits semi-naturels recouverts de lichen), des bassins de rétention ainsi que des unités de filtration pour capter les sels de déglaçage et les hydrocarbures.
Nouveau paradigme
Des choix qui sont loin d’être anodins lorsqu’on considère qu’un environnement sain et convivial favorise la rétention des employés et leur productivité. Cet attrait sera renforcé par des bâtiments qui brigueront la certification LEED et conçus de manière à s’intégrer au milieu. « On veut sortir du paradigme du quartier industriel, explique Sylvain Ouellette. À cet effet, on a déjà approché des firmes d’architectes. On veut privilégier une approche vitrée et des matières nobles, comme la pierre et le bois. On prévoit des espaces à aires ouvertes, avec des salles de travail au centre. Le concept favorisera le partage des ressources. Plutôt que d’avoir trois ou quatre cafétérias sur le site, on vise l’aménagement d’une cantine centrale. »
Les huit édifices de l’Éco-campus auront une hauteur maximale de huit étages. Ils seront implantés autour d’une place publique à partir de laquelle rayonneront des sentiers et des passerelles. Les infrastructures, qui seront financées par la Ville de Montréal, seront mises en place dès l’automne. Le premier édifice, un immeuble de copropriétés industrielles, sera construit dans la foulée. « On a deux ou trois entreprises dans le collimateur et on s’attend à signer des lettres d’entente sous peu, confie Sylvain Ouellette. D’ici les fêtes, on devrait avoir terminé notre montage financier. Il reste à déterminer la formule de financement pour la construction des édifices. Peut-être seront-ils construits pour ensuite être vendus. Peut-être seront-ils financés par une société de capital privé pour ensuite être loués. Cela reste à voir. »