Une structure d’acier usagée pour Igloo Cellulose

À l’automne 2007, Igloo Cellulose prenait possession de ses nouvelles installations de quelque 46 000 pieds carrés en bordure nord de l’autoroute Transcanadienne, à Dorval. Fruit d’un investissement global de 9 millions de dollars, elles logent les bureaux et l’usine/entrepôt de cette entreprise spécialisée dans la fabrication d’isolant cellulosique. 

La conception et la réalisation de ce bâtiment ont été guidées par le système LEED – le processus de certification du bâtiment suivait toujours son cours au moment d’écrire ces lignes. Et parmi les stratégies écologiques préconisées, l’une des plus singulières fut sans contredit le recours à une structure d’acier usagée. Hormis le pontage qui présente néanmoins une composition recyclée à 25 %. 

Monter un tel jeu de Meccano avec près de 500 000 livres de pièces d’acier usagées qu’il fallait d’abord dénicher ne s’est pas révélé une mince tâche. Même qu’au début, le design du bâtiment a dû être refait à trois reprises en fonction des composantes que l’on avait sous la main. 

Le rassemblement des poutres, colonnes et poutrelles usagées aura requis près de trois mois de recherche et d’expertise. Jean Beliveau, coprésident d’InnoVac Design & Construction, entreprise de Saint-Laurent chargée de livrer le projet clés en main, raconte : « Chaque fois qu’on en trouvait à gauche et à droite, l’ingénieur en structure du projet, Jean-Marie Maccabée, devait se rendre sur place pour s’assurer qu’elles avaient la capacité portante requise et qu’elles n’étaient pas tordues. » 

Autre complexité : comme les composantes obtenues provenaient de trois bâtiments différents, elles étaient évidemment différentes et n’affichaient pas toujours les spécifications recherchées par InnoVac. Dans le cas des poutrelles, par exemple, certaines avaient des portées supérieures à celle de 40 pieds requise pour les besoins du projet. Il fallait donc les adapter et faire approuver le nouveau design de chacune par l’ingénieur. 

En dépit de ce processus pour le moins ardu, et même si le calendrier de réalisation du projet était très serré, InnoVac n’a pas envisagé de faire marche arrière : « Ça n’a jamais été une option de tout laisser tomber, soutient Jean Beliveau. Dans le pire des cas, on aurait pu compléter la structure avec des éléments neufs. Pour réussir, il suffisait seulement d’y mettre les énergies nécessaires. 

« Le résultat en vaut assurément le coup, enchaîne-t-il. La charpente d’acier installée dans le bâtiment d’Igloo Cellulose a été recouverte d’une couche d’apprêt antirouille et elle semble flambant neuve. Sauf que selon les endroits, elle est composée de poutrelles montrant des formes différentes. » 

Pour lui, il ne fait pas de doute que l’utilisation d’une structure d’acier usagée représente une avenue intéressante. Non seulement parce qu’il s’agit d’une solution durable, mais aussi parce qu’elle s’accompagne d’économies monétaires non négligeables. Pour Igloo Cellulose, en incluant les frais d’expertise encourus, elle s’est traduite par une réduction de coût de 25 % par rapport au recours à de l’acier neuf. À savoir 150 000 dollars. 

Jean Beliveau est tellement convaincu qu’il appliquera de nouveau cette stratégie lors de la construction d’un édifice de bureaux sur le terrain voisin d’Igloo Cellulose. Le processus de design est déjà enclenché et la livraison du bâtiment, qui logera notamment InnoVac, est prévue dans un an. Les colonnes et les poutres seront usagées mais les poutrelles seront neuves, ceci parce que leur design permettra de gagner un pied en hauteur à chaque étage.