Récupérer des résidus sur un chantier exige seulement un minimum d’organisation. Suivez-le guide !
Par Marie Gagnon
La gestion des matières résiduelles dans l’industrie de la construction est avantageuse tant sur les plans écologique qu’économique. D’autant plus depuis l’adoption par le gouvernement du Québec, le 23 juin 2006, du règlement sur la redevance exigible pour l’élimination des matières résiduelles.
Vous n’êtes pas encore rompu à la gestion des matières résiduelles ? Qu’à cela ne tienne ! En suivant quelques règles élémentaires, il vous sera possible de voir vite fait bien fait à la récupération, la réutilisation et le recyclage des débris issus de vos activités de construction, de rénovation ou de démolition (CRD).
D’entrée de jeu, livrez-vous à un exercice de réflexion. « Il faut faire des projections sur les matières à récupérer, et ce, pour toutes les phases du chantier », conseille Sébastien Richer, président du Regroupement des récupérateurs et des recycleurs de matériaux de construction et de démolition du Québec (3RMCDQ). Par exemple, la coulée des fondations générera des résidus granulaires ; la structure, des éléments de maçonnerie, de bois et de métal ; et la finition, des restes de métal, de bois, de gypse, etc.
Puis, évaluez les débouchés pour ces résidus, tout en ayant à l’esprit leur valeur marchande. « Si vous ne connaissez pas de récupérateur, vous n’avez qu’à vous adresser au 3RMCDQ », suggère à son tour Luc Morneau, agent de développement industriel et responsable du secteur CRD à RECYC-QUÉBEC.
Considérez également les conditions de votre chantier, à savoir l’espace, les ressources et le temps dont vous disposez. Et voyez si vous pouvez vous permettre d’effectuer à la source le tri de ces matières. Sinon, vous pouvez confier cette tâche à un récupérateur spécialisé qui, lui, sera équipé pour ce faire, note Luc Morneau.
Si vous optez pour le tri au chantier, vous pouvez choisir de ne récupérer que les matières offrant la meilleure valeur marchande ou le plus grand potentiel de réutilisation. « Vous pouvez décider de n’avoir que trois conteneurs, dont un pour le bois, un autre pour le métal et un pour la maçonnerie, poursuit l’expert de Recyc-Québec. Pourvu que vous les identifiiez clairement afin d’éviter tout risque de confusion. »
Il faudra également vous assurer que vos ouvriers et les sous-traitants de passage sur le chantier sont bien informés de vos intentions. Vous éviterez ainsi bien des grincements de dents…
« Il est faux de croire que le tri à la source suppose des dépenses supplémentaires, souligne Luc Morneau. Comme vous devez de toute manière faire le ménage du chantier à la fin de chaque journée, de répartir les résidus dans trois conteneurs plutôt que de les jeter pêle-mêle dans un seul ne changera pas grand-chose au bout du compte. » Cependant, pour favoriser le tri à la source sans nuire au déroulement des travaux sur le chantier, assurez-vous que vos conteneurs sont installés au bon endroit.
Enfin, il serait profitable que vous preniez l’habitude de tenir un journal de bord pour chacun de vos chantiers. En y notant les matières et les quantités récupérées, vous serez à même de vérifier si vos projections se sont avérées justes. En outre, vous serez aussi en mesure de démontrer à vos clients que la récupération et la réutilisation des matières résiduelles sont des avenues profitables. Non seulement environnementalement, mais aussi économiquement parlant.
« La rénovation écologique de l’école Notre-Dame-de-Lourdes, à Saint-Lambert, où des milliers de blocs de béton provenant de la déconstruction d’une partie du bâtiment ont été réutilisés dans la construction de nouveaux murs, a démontré à quel point il peut être rentable de récupérer les résidus de CRD », illustre Luc Morneau. Alors, aussi bien emboîter le pas dès maintenant. Surtout que de plus en plus de donneurs d’ouvrage publics et de promoteurs privés imposent désormais cette pratique sur leurs chantiers.
- Faites des projections : évaluez le potentiel des matières à récupérer, et ce, pour chaque phase du chantier
- Évaluez les conditions du chantier : voyez, en termes de temps, d’espace, de ressources, si le projet favorise une démarche de récupération
- Déterminez le nombre de conteneurs : mettez l’accent sur quelques matières seulement et ne commandez que les conteneurs nécessaires
- Identifiez vos conteneurs : évitez la confusion en adoptant une signalisation claire
- Déterminez l’emplacement de vos conteneurs : la récupération sera d’autant plus facile si les conteneurs sont disposés au bon endroit
- Tenez un journal de bord : il vous permettra de constater si vos projections se sont avérées justes, mais également de justifier votre démarche aux yeux de votre client