Les gestionnaires immobiliers et les spécialistes du génie-conseil québécois pourront bientôt recourir à un nouvel outil qui leur permettra non seulement d’étalonner la consommation d’énergie d’un bâtiment, mais aussi d’améliorer le rendement énergétique de celui-ci en continu.
Cet outil, c’est le bEQ (Building Energy Quotient). Développé par l’ASHRAE au fil des dernières années, ce programme d’étiquetage volontaire s’articule essentiellement autour des normes de référence élaborées par cette organisation internationale œuvrant dans les domaines du chauffage, de la ventilation, de la climatisation et de la production de froid.
Accessible en ligne depuis deux ans à l’échelle mondiale, le bEQ peut donc d’ores et déjà être mis à profit en sol québécois, mais seulement à partir de documents en anglais, du moins pour l’instant. En effet, les chapitres de Montréal et de Québec de l’ASHRAE s’affairent conjointement à franciser l’outil avec le concours d’Hydro-Québec, qui a entrepris de traduire gracieusement la documentation – près de 90 000 mots – à l’automne 2016.
André Labonté, responsable des relations avec les partenaires professionnels au sein de la direction – Services et Ventes Clientèles d’affaires à Hydro-Québec Distribution, explique : « Nous collaborons avec les deux chapitres québécois de l’ASHRAE depuis plusieurs années, dit-il. Et comme le bEQ est à l’évidence un outil qui permettra aux bâtiments d’évoluer sur le plan de l’efficacité énergétique, nous soutenons leur démarche en mettant à contribution l’expertise en traduction technique de nos services de communication. »
Qui plus est, Hydro-Québec expérimentera le bEQ en menant des audits dans deux de ses bâtiments : l’un à Montréal, l’autre dans la région de la Capitale-Nationale. « Nous allons tester et roder la version française de l’outil. Ces audits de niveau 1 deviendront donc ni plus ni moins des exemples à suivre », précise André Labonté, qui agit aussi à titre de gouverneur au sein des chapitres de Montréal et de Québec de l’ASHRAE.
Pour l’heure, le processus de francisation des formulaires et de l’information en est à l’étape de la révision technique par des experts des deux chapitres sections. « Nous serons en mesure de déployer la version française d’ici la fin du printemps, soit dès que nous aurons terminé de la peaufiner », indique Ronald Gagnon, vice-directeur régional du comité des affaires gouvernementales et réglementaires de l’ASHRAE pour l’Est du Canada (région 2).
Pour ce spécialiste de l’efficacité énergétique, il ne fait pas de doute que le bEQ saura vite séduire les propriétaires et gestionnaires d’immeubles, d’une part, et les professionnels du génie électromécanique avec lesquels ils font affaire, d’autre part. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un outil sans nul autre pareil qui leur permettra de jouer sur deux tableaux à la fois : l’étalonnage énergétique d’un bâtiment, exercice qui s’accompagne d’une certification, et la réduction de sa consommation.
Côté pile, côté face
Le bEQ est un outil rigoureux permettant de dresser le bilan énergétique d’un bâtiment, par l’entremise d’une tierce partie, et de comparer son rendement à celui d’immeubles comparables figurant dans la base de données de l’ASHRAE.
« S’il s’agit d’un établissement scolaire, par exemple, il sera comparé d’égal à égal à d’autres bâtiments scolaires soumis aux mêmes conditions climatiques et affichant des superficies similaires », indique Jean Bundock, chargé de projets à Norda Stelo et responsable du comité des affaires gouvernementales du chapitre de Québec de l’ASHRAE.
En fournissant ainsi une photo claire du positionnement énergétique d’un bâtiment, à une date donnée, le bEQ ouvre la voie à son évolution à partir de ce point de référence. En effet, le processus d’étalonnage mené au moyen de cet outil s’accompagne automatiquement de l’établissement des mesures d’économie d’énergie à préconiser.
L’application de telles mesures ne signifie pas nécessairement qu’un propriétaire devra consentir des investissements majeurs pour améliorer le rendement énergétique de son bâtiment. « Elles vont souvent se traduire par des interventions peu coûteuses, observe Jean Bundock, notamment une programmation des commandes. »
« En outre, même dans le cas d’interventions plus onéreuses, de renchérir Ronald Gagnon, le propriétaire du bâtiment pourra s’appuyer sur un argument financier, et non pas seulement sur un argument fonctionnel. Dans le cas de luminaires en fin de vie utile, par exemple, il pourra s’engager dans un programme prévoyant leur remplacement sur cinq ans, à raison de 20 % par année. De cette façon, il pourra réduire graduellement la consommation d’énergie de son bâtiment ainsi que les coûts liés à l’entretien des vieux luminaires. »
Si le bEQ peut évidemment être utilisé pour l’étalonnage énergétique d’un bâtiment existant, il en va de même pour un projet à l’étape conceptuelle. Nécessitant minimalement de 12 à 18 mois d’exploitation, le mode de classification Tel que construit est basé sur la consommation d’énergie réelle du bâtiment. Le mode Tel que conçu, lui, s’appuie plutôt sur les résultats d’un modèle énergétique normalisé en fonction d’un bâtiment de référence.
Soulignons que l’étiquetage énergétique d’un bâtiment s’accompagne d’une plaque pourvue d’une échelle de notation non chiffrée, qui permet en un coup d’œil d’établir son positionnement par rapport aux bâtiments affichant les meilleurs et les moins bons rendements dans sa catégorie. Comme le bEQ est un processus homogène utilisé partout sur la planète, un bâtiment arborant la cote B+ sera classé ainsi, qu’il soit situé dans l’hémisphère sud ou dans un pays nordique.
Création de valeur
Pour que le bEQ soit déployé à grande échelle au Québec, voire ailleurs au Canada, il fallait d’abord l’offrir en français. Cette étape étant à la veille d’être franchie, l’ASHRAE verra à promouvoir activement l’outil auprès des acteurs du secteur du bâtiment, y compris les ministères et les organismes gouvernementaux concernés par l’efficacité énergétique des bâtiments, sur les scènes tant provinciale que fédérale.
« L’étalonnage énergétique d’un bâtiment possède une valeur sur le marché, indique Ronald Gagnon. Si deux bâtiments voisins d’un million de pieds carrés chacun sont mis en vente au même prix et que l’un a une cote A+, alors que l’autre affiche une cote C-, il est certain que le plus performant va être beaucoup plus attrayant. »
Jean Bundock observe qu’il s’agit là d’un indice qui est encore plus ou moins pris en considération par les acquéreurs au Québec, mais qui est appelé à prendre de plus en plus d’importance au fur et à mesure que sera déployé le bEQ. Il a été démontré ailleurs dans le monde que l’étiquetage énergétique a pour effet d’inciter les propriétaires et gestionnaires immobiliers à mieux entretenir leurs bâtiments et à améliorer en continu leur rendement.
En France, par exemple, il y a des endroits où l’on ne peut vendre un bâtiment que s’il affiche une cote énergétique. C’est également le cas dans certaines villes américaines où un étiquetage au moyen du bEQ est désormais exigé.
Est-ce que l’ASHRAE souhaite que l’étiquetage énergétique des bâtiments, au moyen du bEQ, devienne éventuellement obligatoire au Québec ? « C’est ce que nous souhaitons ultimement et nous avons déjà entrepris de faire des présentations en ce sens », répond Ronald Gagnon, en soulignant qu’il travaille à ce projet de concert avec Jean Bundock et Marc Beauchemin, représentant du comité des affaires gouvernementales à ASHRAE Montréal.
Le bEQ constitue un outil sans nul autre pareil parce qu’il…
- se fonde uniquement sur l’usage énergétique du bâtiment ;
- est un programme volontaire ;
- complète d’autres programmes de développement durable ou d’étalonnage énergétique ;
- fournit une méthode pour étalonner la performance ;
- permet l’adoption de méthodes de construction à haut rendement énergétique ;
- permet la comparaison des classements Tel que conçu et Tel que construit ;
- met l’accent sur les bâtiments à haut rendement, particulièrement sur la consommation d’énergie nulle ;
- comporte des catégories de bâtiments accrues dont fait état la table de valeur médiane EUI par zone climatique ;
- offre un processus homogène pour l’évaluation du rendement énergétique.
Le chiffrier
- Documente les calculs
- Consigne les données supplémentaires
Le certificat
- Indique les données principales du bâtiment
- Satisfait aux exigences de divulgation
- Fournit de l’information aux occupants ainsi qu’aux autorités concernées lorsqu’une démonstration de la consommation d’énergie est exigée, comme c’est notamment le cas en Ontario pour certains bâtiments
Le tableau de bord
- Illustre le rendement énergétique du bâtiment
La plaque bEQ
- Affiche publiquement le classement du bâtiment
*Cet article s’inscrit dans le cadre d’un contenu partenaire.