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Toitures végétalisées : ce qu’il faut savoir sur la dormance

2 décembre 2020
Par Marjolaine Auger*

Centre de formation en développement durable CHRONIQUE DU GROUPE DE TRAVAIL
SUR LES TOITURES VÉGÉTALISÉES

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Qui dit toitures végétalisées, dit invariablement dormance des plantes en hiver. Explications.

La plante est casanière. En abondance d’eau et sous des températures favorables, elle fonctionne de façon optimale. Toutefois, si la graine n’est pas tombée du bon côté de la planète, la plante devra subir des périodes sèches ou des températures inférieures au point de congélation pendant une certaine période de l’année, et ce, de manière récurrente. Elle ne dispose pas d’un motorisé pour migrer vers les pays chauds. Elle n’a pas non plus la capacité d’enfiler un superbe manteau de fourrure ou de se cuisiner de petits plats réconfortants pour accumuler des réserves. C’est convenu, elle doit passer par une période de dormance.

La dormance est un état dans lequel la plante présente peu ou pas de croissance et où l’activité métabolique est ralentie ou cesse complètement pendant une période indéterminée. Elle est généralement déclenchée par un temps plus frais et une réduction de l’intensité et de la durée de la lumière. Elle peut également être provoquée par le stress dû à la chaleur ou à la sécheresse. Ce changement de climat enclenche un mécanisme informant la plante qu’elle doit commencer à ralentir pour les prochains mois d’hiver. Elle entre en dormance à ce moment parce qu’elle ne peut plus produire assez de nourriture à partir de photosynthèse pour soutenir sa croissance active.

Presque toutes les plantes des régions tempérées tombent en période de dormance en hiver, y compris celles sur les toitures végétalisées. Avec le début des températures sous les points de congélation, les plantes à feuillage caduc doivent se protéger contre la cristallisation de l’eau, puis la rupture de leurs cellules. Elles perdent ainsi leurs feuilles en prévision de la dormance afin de se protéger contre les intempéries.

Les plantes à feuillage persistant ont aussi une période de dormance; moins visible que celle de leurs homologues à feuilles caduques. Alors que les arbres et arbustes à feuilles persistantes cessent de pousser, polliniser ou produire des graines pendant la dormance, ils conservent leurs feuilles (aiguilles). Cela est aussi vrai pour certaines espèces de sédums à feuilles persistantes qui retiennent leur feuillage. Elles prennent généralement une couleur orangée ou rougeâtre pendant la dormance.

Photo : Hydrotech

Prévoir la dormance des plantes

L’apparition de la dormance souligne l’importance de s’assurer que les plantes sont correctement établies et en bonne santé avant les mois d’hiver. Idéalement, les plantes nouvellement installées doivent avoir l’opportunité de s’établir pendant au moins quelques semaines. Cette période leur permettra d’absorber de l’eau, de la transmettre des racines vers les tiges et les feuilles, pour ultimement s’approprier leur nouveau milieu de vie. Cette eau les empêchera de se dessécher pendant la période de dormance. Si elles n’ont pas la possibilité de s’établir et d’absorber suffisamment d’eau, elles deviennent alors sensibles à la dessiccation et à la brûlure hivernale.

Bien que la dormance puisse être considérée comme un moment de tranquillité pour la toiture végétalisée, de nombreuses plantes conservent un attrait visuel tout au long de la saison hivernale. Les sédums tournent à l’orange, au rouge et au brun, les graminées ornementales fournissent la couleur et la texture, et les plantes ligneuses, même sans leurs feuilles, permettent de structurer l’aménagement. L’état de dormance des plantes et leur contribution à l’esthétisme de la toiture végétalisée en hiver doivent être pris en compte dès la conception.

La dormance prend fin lorsque les « Snowbirds » sont de retour, que les manteaux de fourrure sont chez le nettoyeur et qu’on désire enfin cuisiner plus léger. La température commence à se réchauffer, les jours s’allongent et les plantes peuvent enfin reprendre leurs processus normaux de croissance. Le printemps est alors le moment idéal pour vérifier le niveau d’éléments nutritifs dans le substrat de croissance. On s’assure ainsi que les plantes ont tous les nutriments essentiels pour reprendre la cadence de la saison active qui recommence.


*Marjolaine Auger est agronome chez Hydrotech et membre du Groupe de travail sur les toitures végétalisées du CBDCa-Qc