Le supermarché IGA de Cookshire

Février 2010, le nouveau IGA de Cookshire ouvre ses portes. Ce nouveau supermarché n’est pas la première construction verte de Sobeys, qui compte parmi ses réalisations les plus écologiques le IGA de Saint-Pascal-de-Kamouraska, premier marché d’alimentation à décrocher une certification LEED au Canada, le IGA de Rivière-des-Prairies et le centre de distribution de Trois-Rivières – lui aussi certifié LEED. Mais il en est la quintessence.

D’une superficie de 21 000 pieds carrés, dont quelque 6 440 pieds carrés sont offerts en location au deuxième niveau, le bâtiment de 6 millions de dollars a été conçu et construit en visant le respect de critères environnementaux élevés. Il faut dire que Gilles Denis, qui jusque-là exploitait le IGA de la rue Principale, a souhaité dès le départ voir apposé le sceau LEED-NC sur son nouvel établissement. La cible visée : le niveau Argent.

« Le IGA de Cookshire est ni plus ni moins le joyau de la bannière, illustre Simon Bérubé, directeur du Service de l’aménagement commercial de Sobeys Québec. Cette nouvelle construction, qui s’inscrit dans la continuité de notre politique de développement durable, nous a permis de consolider nos connaissances environnementales et de pousser un peu plus loin notre savoir-faire en la matière. »

Il précise cependant que la recherche d’une certification environnementale découle de la seule volonté du marchand. Fervent défenseur de l’environnement, Gilles Denis a en effet voulu faire de son futur magasin un exemple phare de développement durable en son domaine. Le choix du site, au cœur du village, marque un premier pas en ce sens. Plutôt que d’implanter l’édifice en périphérie, et d’amorcer ainsi le déclin du centre-ville, il a préféré redévelopper un terrain de 70 000 pieds carrés, également situé sur la rue Principale, et ce, en dépit de sa topographie particulière.

« Le terrain présente une dénivellation importante, indique Simon Bérubé. Au lieu de le remblayer, le propriétaire a préféré en tirer profit en faisant installer un réseau de gouttières qui, par gravité, acheminent les eaux de ruissellement jusqu'à un réservoir aménagé en contrebas, à proximité des quais de chargement. L’eau ainsi recueillie sert à l’entretien des quais. »

Mais, auparavant, il aura fallu faire place nette. Les propriétés qui se dressaient sur le site ont été démantelées et les matériaux susceptibles de connaître une deuxième vie, récupérés. Une maison encore solide a même été réimplantée ailleurs dans le village. Certains matériaux ont également été réutilisés en cours de construction, comme le béton concassé provenant des bâtiments déconstruits qui a servi de fondation au stationnement.

Le projet met également en œuvre de nombreuses mesures durables, éprouvées par Sobeys lors de réalisations antérieures. Parmi celles-ci, Simon Bérubé relève un stationnement aux dimensions réduites et faiblement éclairé, afin de ne pas nuire aux activités de l’Observatoire du Mont-Mégantic, de la tôle galvanisée claire en toiture et l’aménagement d’un enclos à bicyclettes.

À l’intérieur, il rapporte la mise en place d’un plan de gestion optimale de la qualité de l’air, pendant et après les travaux, pour éviter de contaminer les conduits de ventilation. L’utilisation de produits de finition à faible émissivité de COV et la pose d’un carrelage de céramique ne nécessitant aucun produit d’entretien nocif, ajoutent à la qualité de l’air ambiant. Même chose pour les fenêtres ouvrantes des bureaux administratifs qui, en plus de favoriser la ventilation naturelle, contribuent au bien-être des employés.

Encore plus vert

« Ces mesures font aujourd’hui partie des standards d’aménagement de la bannière, rappelle celui qui est également ingénieur. Toutefois, le magasin de Cookshire se distingue de nos réalisations précédentes notamment par son parement de cèdre de l’Ouest, provenant de poteaux de téléphone recyclés. »

On le sait, le cèdre est un matériau durable, reconnu pour ses propriétés hydrofuges. Il contient en outre des huiles naturelles qui le rendent résistant à la moisissure, aux insectes et à la pourriture. De plus, il ne nécessite aucun entretien et conservera sa belle apparence des années durant, sans se déformer ni se fissurer sous l’action des éléments.

Le hic, c’est que les revêtements de cèdre sont dispendieux. C’est pourquoi le propriétaire-marchand, qui souhaitait perpétuer le style architectural Nouvelle-Angleterre propre aux Cantons-de-l’Est, s’est tourné vers Trèd’si, une entreprise d’East-Angus spécialisée dans le recyclage de poteaux de téléphone. Une fois retirée une épaisseur d’environ un centimètre de la surface traitée à la créosote, elle obtient ainsi un matériau sain et de qualité.

Quelque 200 poteaux de cèdre de l’Ouest de 30 pieds de hauteur ont été nécessaires pour couvrir les murs extérieurs du marché de Cookshire, qui font près de 15 000 pieds carrés, et réaliser quelques aménagements intérieurs.

Le marché IGA de Cookshire fait également figure de précurseur en Amérique du Nord avec son système de réfrigération fonctionnant au dioxyde de carbone (CO₂), une technologie de pointe qui offre des avantages environnementaux indéniables. « La succursale de Cookshire n’est pas notre premier magasin à être équipé d’un tel système, souligne Simon Bérubé. Depuis mai 2009, nous avons réalisé une quinzaine de projets semblables. Mais celui de Cookshire, qui en exploite la quatrième génération, est notre projet le plus achevé. »

En plus d’assurer les besoins de réfrigération et de congélation du supermarché, cette technologie québécoise, baptisée ECO₂-System, permet de récupérer les rejets de chaleur générés par le système de réfrigération et, du coup, d’éliminer le recours aux équipements traditionnels pour chauffer les espaces et l’eau chaude domestique. Qui mieux est, ce nouveau système libère environ 3 900 fois moins de gaz à effet de serre qu’un système conventionnel, ce qui équivaut à retirer annuellement près de 900 voitures de nos routes.

Sobeys, qui a investi près de 900 000 dollars pour se doter de cette nouvelle technologie, semble très satisfaite des résultats obtenus. « Nous en sommes à mesurer le tout, et les résultats sont à ce point étonnants que je préfère attendre d’avoir toutes les données en main avant de les divulguer », conclut Simon Bérubé, en ajoutant que les prochains défis à relever dans ce domaine seront d’optimiser cette technologie et de former une main-d’œuvre compétente pour l’entretenir.