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Le pavillon des Sciences biologiques de l’UQAM

10 avril 2010
Par Rénald Fortier

L’ADN écologique du pavillon des Sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM)

Ériger un bâtiment dans le respect de l’environnement est une chose, prendre les moyens qui s’imposent pour le faire certifier LEED en est une autre. Car il faut faire montre de doigté et de rigueur de bout en bout pour mener à bien une réalisation qui sera ainsi étiquetée verte. Tout comme il est nécessaire de penser aussi en fonction de l’exploitation la plus écologique possible de l’immeuble. 

Et c’est ce qu’a réussi l’équipe de projet qui a vu à la conception et à la construction du pavillon des Sciences biologiques de l’UQAM, au centre-ville de Montréal. À telle enseigne que cet édifice, dédié à l’enseignement des sciences biologiques, arbore désormais la certification LEED-NC, niveau Argent. Elle lui a été délivrée à la fin de l’été 2007 par le U.S. Green Building Council. 

La construction de ce nouveau pavillon de 350 000 pieds carrés s’inscrivait dans le cadre du parachèvement du Complexe des sciences Pierre-Dansereau, à l’intérieur du quadrilatère formé par les rues Président-Kennedy, Jeanne-Mance, Saint-Urbain et Sherbrooke. Mis en chantier en 2003, le projet incluait également l’édification de résidences universitaires et d’un pavillon institutionnel. Il aura requis un investissement global de l’ordre de 150 millions de dollars. 

Ces trois nouvelles constructions sont venues s’ajouter à trois bâtiments patrimoniaux restaurés et réaffectés à des vocations d’enseignement, ainsi qu’à trois bâtiments existants : le pavillon Président-Kennedy, le pavillon de Chimie et Biochimie ainsi que le pavillon Sherbrooke. Des jardins aménagés unissent tous les bâtiments de ce complexe, qui est relié au métro et au réseau piétonnier montréalais. 

Arborant une forme spirale, le pavillon des Sciences biologiques compte 11 étages dans sa partie la plus élevée, dont neuf en surface. Exploitant le thème de la transparence, sa façade de verre coloré réfère à la structure spirale de l’ADN. Le pavillon abrite notamment le Département des sciences biologiques, les directions de programmes en biologie, le Module de biologie, divers laboratoires, centres et chaires de recherche ainsi qu’une animalerie et des regroupements d’étudiants. 

 

Faire les bons choix 

Tout en poursuivant l’objectif d’intégrer le plus grand nombre possible de critères définis dans la grille de pointage LEED, l’équipe de projet du pavillon des Sciences biologiques a dû faire les choix qui lui apparaissaient les plus judicieux, notamment en fonction des contraintes budgétaires et des échéanciers établis. Elle a  donc décidé de miser sur le contrôle de l’érosion et des sédiments, la réduction de la consommation d’eau de 58 %, l’optimisation de la performance énergétique (économie de 32 % par rapport à la norme ASHRAE 90.1-1999), la gestion des déchets de construction (pour détourner 65 % des débris des sites d’enfouissement, l’utilisation de peinture et d’enduits à faible émission de COV (composés organiques volatils) et l’entretien écologique du bâtiment pour ne citer que ces quelques exemples. 

Vivian Irschick est bien placée pour en parler. Cette architecte montréalaise, aujourd’hui consultante en bâtiment durable, œuvrait alors chez Tétreault Parent Languedoc et associés (aujourd’hui fusionnée à Ædifica), firme qui a été appelée à travailler au design du projet en compagnie de Saïa Barbarese Topouzanov architectes. 

« Réaliser un tel projet écologique, c’était une autre façon de penser un projet et de travailler en équipe, relate-t-elle. Il fallait nécessairement que ce soit un design intégré, qu’il y ait une collaboration très étroite entre tous ceux qui participaient à la conception et à la mise en œuvre. Car il fallait en arriver à choisir les solutions servant le mieux le projet et les intérêts du client. » 

Évidemment, il y a un apprentissage à faire pour qui s’engage dans le processus pour la première fois. Et ce fut d’autant plus vrai pour l’équipe qui a piloté la conception et la construction du pavillon de l’UQAM que ce projet était alors parmi les premiers à briguer la certification LEED au Québec. Sans compter que la démarche était complexifiée par le fait que ce projet devait être réalisé selon un mode accéléré en gestion de construction. 

« Il a fallu y mettre les efforts et être très bien structuré, observe Claude Parent, vice-président principal – Construction chez Pomerleau, autre acteur clé du projet. Comme toutes les mesures prises pour aller chercher des points LEED devaient être bien documentées, les entreprises participant au projet ont dû apprendre à contribuer au succès de la démarche. Par exemple, il nous a fallu faire de l’éducation auprès des sous-traitants et des fournisseurs, car il fallait absolument obtenir d’eux la provenance et la composition des matériaux. » 

Comme c’est le cas pour Vivian Irschick, il considère avec du recul que ce fut une expérience très enrichissante, bien qu’elle se soit alors révélée très exigeante.

Principaux acteurs du projet

Propriétaire Université du Québec à Montréal

Architecture Tétreault Parent Languedoc et associés / Saia Barbarese Topouzanov architectes

Gérance de construction Pomerleau

Ingénierie (civil et structure) Coentreprise Pasquin St-Jean / Nicolet Chartrand Knoll

Ingénierie (mécanique-électricité) Bouthillette Parizeau / HBA Experts-Conseils

Architecture du paysage Claude Cormier Architectes Paysagistes

Consultants (code) Technorm

Consultant (LEED) Jacques Lagacé (Bouthillette Parizeau)

Commissioning Michel Bellerose expert-conseil

 

Mesures durables

Quelques-uns des aspects du pavillon des Sciences biologiques de l’UQAM, un véritable bâtiment durable :

  • Réhabilitation d’un site classé friche urbaine
  • Accès du site au transport en commun
  • Stationnement à vélos intérieur et extérieur
  • Douches réservées aux cyclistes
  • Surfaces de toits à haute réflectance et émissivité afin de réduire l’effet des îlots de chaleur
  • Recyclage de 65 % des déchets de construction
  • Design novateur permettant une économie d’eau potable de 58 %
  • Récupération des eaux de pluie pour alimenter les toilettes et pour l’irrigation des jardins
  • Utilisation d’urinoirs secs et toilettes à faible chasse d’eau
  • Aménagement paysager nécessitant peu d’eau et d’entretien avec système d’irrigation automatique relié à une station satellite
  • Mesures d’efficacité énergétique permettant une réduction de 32 % en consommation d’énergie
  • Récupération de chaleur des hottes de laboratoires
  • Utilisation d’appareils d’éclairage efficaces avec système de contrôle centralisé et détecteurs de luminosité intégrés en façade 
  • Performance énergétique de l’enveloppe extérieure
  • Optimisation de la qualité de l’air intérieur ainsi que les systèmes de traitement de l’air
  • Abondance de lumière naturelle et vues sur le campus et la ville
  • Utilisation des matériaux faibles en COV améliorant la qualité de l’air intérieur
  • Aménagement de laboratoires modulaires autour des trémies verticales (puits de services) permettant les reconfigurations d’espaces et d’équipements rapides, aisées et économiques
  • Programme d’entretien ménager écologique, incluant les produits et équipements écoefficaces ainsi que les mesures de contrôle des organismes indésirables
  • Réutilisation de mobiliers, appareils et équipements existants dans le nouveau pavillon