Le Centre des congrès de Québec

Début 2007, la Société du Centre des congrès de Québec (SCCQ) fait appel à la société Les Services exp – autrefois Teknika HBA – pour l’accompagner dans sa démarche visant l’obtention de la certification LEED-EB, version 2.0, du U.S. Green Building Council (USGBC).

Auparavant, la SCCQ avait obtenu de nombreuses récompenses pour l’efficacité énergétique de ses installations (Écogeste 2003 et Stellaris 2004), mais aussi pour la qualité de son organisation et de sa gestion (AIPC 2006). Après la certification BOMA BESt de niveau 3 en 2009, l’obtention de la certification LEED-EB s’inscrivait dans une suite logique pour poursuivre son engagement envers le développement durable. Les sommes investies, combinées avec différents programmes d’Hydro-Québec, ont permis d’améliorer les performances énergétiques du Centre des congrès et de confirmer son rôle de précurseur dans la gestion durable. 

Les principaux objectifs visés concernaient la qualité de l’environnement intérieur (QEI), notamment la qualité de l’air, et l’optimisation des contrôles. La firme exp a d’abord réalisé un diagnostic des équipements en place. « L’une des difficultés fut de se familiariser avec les équipements existants et de comprendre leur fonctionnement afin de les utiliser le plus efficacement possible », note Marie-Pier Poulin, chargée des volets QEI, énergie et atmosphère de la démarche LEED chez exp. 

Ainsi, de nouveaux équipements de mesurage et de contrôle furent installés. Pour les ventilo-convecteurs, 29 commandes pneumatiques pour les volets d’air neuf (non raccordées au système centralisé) et 38 stations de mesurage des débits d’air. Pour la ventilation, 20 sondes de mesure de débit d’air dans les systèmes alimentation/retour et 26 sondes de dioxyde de carbone dans les salles. Les taux de CO₂ admissibles suivent la norme ASHRAE-62.1, mais varient grandement selon l’usage et la pièce.

« Les solutions ne pouvaient pas être uniformes, car le Centre des congrès accueille de nombreux événements différents, jusqu’à trois ou quatre types d’utilisation par salle », souligne Mélanie Pitre, responsable de la coordination et de la partie matériaux et ressources pour la certification LEED chez exp. 

Aux nouveaux équipements s’est également ajoutée une nouvelle séquence de contrôle. « Afin de faciliter l’adaptation au nouvel outil, la mise à jour du système s’est effectuée en collaboration avec les personnes responsables, explique Mélanie Pitre. Une formation complète a aussi été offerte. » 

La certification visait également une amélioration des opérations de l’édifice et de sa gestion. Les contrats d’approvisionnement ont ainsi été revus, tout comme les processus d’exploitation et d’entretien. La direction du Centre des congrès, soulignons-le, avait déjà implanté des mesures de gestion durable dans nombre de secteurs : poubelles à trois entrées (recyclage, compost, déchets), vaisselle en porcelaine, nourriture en trop récupérée et redistribuée. 

De même, l’Université Laval, responsable des aménagements extérieurs, avait amélioré ses pratiques : compostage des résidus végétaux, utilisation parcimonieuse d’engrais d’origine naturelle et plantation de végétaux indigènes. Résultat : 65 % des matières résiduelles sont détournées de l’incinérateur de Québec, 66 % des produits d’entretien sont écologiques et 21 % d’eau est économisée (3 317 000 litres d’eau de moins qu’un bâtiment standard). 

La démarche LEED-EB a favorisé l’utilisation de produits de nettoyage à faible émissivité, de lampes sans mercure et la réduction de la pollution lumineuse extérieure de 4 %. Des ajustements ont également été apportés, notamment au niveau des processus de suivi de la performance. « Ces pratiques sont pérennisées et si les sous-traitants venaient à changer, les usages eux ne changeront pas », signale Mélanie Pitre. 

L’obtention de la certification LEED-EB ne fut pas pour autant aisée. Elle nécessite comme préalable des performances énergétiques minimales se calculant à l’aide d’un logiciel de benchmarking, le Porfolio Manager Tool d’Energy Star. Il compare l’édifice aux bâtiments équivalents, à l’époque des édifices américains. Ayant entrepris cette démarche au préalable, l’équipe s’est vite rendu compte que les résultats n’étaient pas révélateurs : un édifice à Austin, Texas, n’a pas les mêmes besoins qu’à Québec… Après discussions avec le USGBC et Energy Star, l’équipe de projet a alors entrepris une collecte des données énergétiques des édifices équivalents au Canada. En fin de compte, l’édifice a prouvé une efficacité énergétique de 20,1 % supérieure à celle de bâtiments comparables (soit une économie théorique de 0,295 GJ/m²). 

La certification LEED-EB, demandée en novembre 2010, a été obtenue à l’été 2011. L’une des particularités de cette certification est qu’elle soumet le bâtiment à de nouvelles mesures de performance tous les cinq ans. Si le CCQ souhaite garder cette reconnaissance, une nouvelle demande devra alors être déposée. 

* L’auteur est chargé de projets à Écobâtiment