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12 octobre 2012
Par Benoit Poirier

Regard sur l’an 2 du projet Culti-Vert, vitrine démonstrative visant à favoriser le verdissement des toits des édifices commerciaux et institutionnels des grands centres urbains. 

« La majorité des plantes se sont bien implantées. Nous avions demandé des technologies qui ne nécessitent pas d’entretien, mais les fournisseurs nous avaient indiqué qu’un minimum d’irrigation est toujours nécessaire durant les deux ou trois premières saisons. Avec quelques arrosages à l’été 2011 et deux à l’été 2012, les plantations se portent bien et nous donnent de belles variétés. »

C’est ce que rapporte Amélie Asselin, porte-parole du Palais des congrès de Montréal, sur le toit duquel se déploie le projet Culti-Vert. Cette vitrine dédiée aux innovations en toitures vertes et autres solutions d’agriculture urbaine amorcée l’an dernier se poursuivait de plus belle cette année. Et de façon toujours plus luxuriante !

« Les cinq parcelles ont bien résisté depuis leur installation, en juin 2011, observe Amélie Asselin. Le résultat est très positif jusqu’à présent, toutes les technologies de toit vert utilisées évoluent selon ce qui était prévu. »

Qu’elle mise sur l’aspect éconergétique ou plutôt esthétique selon le type de sol, l’effet désiré ou la fonction qu’on voudra lui donner, chacune des technologies végétales est conçue pour ce qu’on appelle les toits verts extensifs sans irrigation.

Donc, à terme, une fois que tout sera bien implanté et que l’on se sera assuré de la solidité des racines et de la pérennité des plantations, aucun arrosage ni entretien ne sera requis, assure-t-on. Même en cas de saisons hivernales et estivales particulièrement arides, comme ce fut le cas cette année ?

« Il semblerait que la rétention d’humidité dans les sols soit suffisante, répond Amélie Asselin. Ça ne veut pas dire que s’il y a un été complètement sec, j’imagine que, rendu là, on va avoir des pertes. Mais, normalement, c’est prévu pour le climat du Québec. »

Elle note que l’entretien effectué jusqu’à présent est conforme aux projections. La robustesse des sédums et des graminées est notamment surprenante.

« En fait, dit-elle, ce sont des plantes qui sont spécifiquement choisies pour leur robustesse, donc qui n’ont pas beaucoup besoin d’entretien ou d’arrosage. Donc on s’attendait à ce qu’elles soient robustes et résistantes. Malgré tout, d’avoir seulement quelques séances d’arrosage depuis deux ans avec les deux étés particulièrement chauds qu’on vient de connaître, on est agréablement surpris. On s’y attendait, mais à ce point-là ? Peut-être pas tant que ça. Ça va au-delà de nos espérances. »

Variété maraîchère et pollinisation

« L’année dernière, on a récolté 650 kilos. Cette année, si tout va bien, on peut espérer la tonne de fruits, de légumes et de fines herbes », indique la porte-parole du Palais des congrès.

Outre les cultivars rares et anciens qui permettront par exemple au cœur de bœuf de nos grands-parents de prendre sa petite revanche sur la tomate parfaitement sphérique, deux autres nouvelles thématiques sont explorées cette année du côté du jardin potager, mentionne Sylvain Houde, coordonnateur du développement durable du Palais des congrès.

« Il s’agit des plantes tinctoriales, qui seront remises au collectif Color Collective, des artistes montréalais qui utilisent les plantes pour colorer leurs tissus. Et des plantes médicinales, qui vont être remises à l’Académie herboliste de Montréal, un centre de formation. »

Pour assurer une pollinisation adéquate des 50 smart pots qui se sont ajoutés aux 450 installés en 2011 dans la section potager, trois ruches ont aussi été placées, fin mai, en collaboration avec Miel Montréal. « On a hâte de voir le résultat de tout ça au cours de l’automne », indique Amélie Asselin.

Fraîcheur au menu

Élaboré et réalisé en collaboration avec le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CÉUM), l’Atelier TauTem et les Toits Vertige, le projet Culti-Vert fait graviter autour de lui divers partenaires, tous très heureux de se partager ces aliments de qualité pour une deuxième année consécutive. Il s’agit de Capital Traiteur, le fournisseur exclusif des services alimentaires du Palais, ainsi que des restaurants Osco!, de l’hôtel InterContinental, et d’alimentation vivante Crudessence.

Attendent également avec impatience cette moisson urbaine l’organisme communautaire La rue des femmes, pour lequel un jardin a spécialement été aménagé sur la Terrasse du Palais, de même que les employés du Palais des congrès qui participent au Potager des employés, sous la supervision et les conseils de l’horticulteur Antoine Trottier, de la pépinière Maynard-Trottier.

Projet en constante évolution

Rappelons que le projet Culti-Vert a été lancé en mars 2011, après avoir reçu l’appui du ministère de la Santé et des Services sociaux, dans le cadre du volet santé du Plan d’action sur les changements climatiques par la lutte aux îlots de chaleur urbains. Il comprend trois sections : toits verts, plantes grimpantes sur murs végétaux et jardin potager.

Il bénéficie du soutien de BOMA Québec, qui doit en faire la promotion auprès de l’industrie immobilière, de la Direction de la Santé publique de Montréal, de la Conférence des élus de Montréal et de la Ville de Montréal.

Avec ses quelque 7 000 pieds carrés, la vitrine actuellement en développement constitue la deuxième phase du vaste plan de verdissement des toits du Palais des congrès, qui totalisent une superficie de 144 000 pieds carrés. Déjà, en 2010, on avait procédé à l’aménagement d’une surface de 20 000 pieds carrés à vocation événementielle.

En plus de contribuer à accroître la qualité de vie dans la métropole et à y développer une destination touristique écoresponsable, le projet Culti-Vert vise à démontrer les possibilités qui s’offrent aux grands intervenants immobiliers et institutionnels, de même qu’à les encourager à emboîter le pas par l’entremise des diverses solutions issues de sa vitrine expérimentale.

« Notre mission, c’est non seulement de le conserver, mais aussi de l’améliorer et de toujours susciter un engouement pour l’agriculture urbaine », fait valoir Sylvain Houde.

Amélie Asselin constate que l’intérêt pour ce projet est tangible. Déjà, plusieurs visites ont eu lieu ou sont prévues, comme avec les HEC Montréal, Ivanhoé Cambridge et l’école d’été sur l’agriculture urbaine de l’UQAM.

Elle indique par ailleurs que l’échéancier pour l’atteinte de l’objectif souhaité de verdir les 144 000 pieds carrés disponibles n’est pas encore déterminé. « C’est certain que c’est un projet qu’on veut conserver. De quelle façon il s’étendra, de quelle façon évolueront les partenariats, ça, on attend vraiment la fin de la saison avant de se prononcer. C’est un peu ce qu’on fait chaque année. »

Consulter notre article présentant le concept du projet : Le projet Culti-Vert