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Retour sur l’an 1 du Défi énergie en immobilier 2.0

8 mai 2024
Par Sandra Soucy

Le Défi énergie en immobilier (DÉI) contribue de plus belle à la décarbonation de l’environnement bâti au Québec : témoignages de lauréats de l’an 1 de la seconde édition de cette compétition conviviale à l’appui.

Plus que jamais à l’ordre du jour, le DÉI porté par BOMA Québec encourage les trajectoires vertueuses des propriétaires et gestionnaires immobiliers pour réduire la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre (GES) de leurs bâtiments.

Cette occasion unique d'engager la lutte contre le réchauffement climatique, BOMA Québec et son DÉI l'ont renouvelée une fois de plus dans le cadre de l'an 1 de sa deuxième édition. Parmi les 242 entreprises provenant d'un peu partout au Québec qui ont partagé leurs données énergétiques, 19 lauréates ont été récompensées pour leurs efforts déployés en matière d'amélioration continue et de saine gestion d'énergie.

« Ces objectifs sont résolument inscrits dans l'ADN de BOMA Québec, souligne d'entrée de jeu Mario Poirier, directeur du DÉI. Dès le début de la création du Défi, nous cherchions une façon de susciter l'intérêt des gestionnaires immobiliers. N'ayant ni possibilité d'intervenir directement avec eux, ni moyen législatif à notre portée, mais sachant le milieu immobilier très compétitif, l'idée de faire du DÉI une compétition conviviale pour de l'amélioration continue et la réduction des GES s'est ainsi imposée. »

Mario Poirier

Force est de constater que cet appel n'est pas resté lettre morte. La compétition s'est mise en place et les grands leaders se sont levés. Mais malgré les premiers résultats fort intéressants, un constat s'est imposé : l'obtention et la divulgation des données, même sur une base volontaire, ne sont pas une mince affaire. « C'est un obstacle que l'on a rencontré dès le début, relate Mario Poirier.

« Et comme l'obtention des données énergétiques des bâtiments consiste en la base même du Défi, poursuit-il, nous avons rectifier le tir. Nous nous sommes aperçus qu'un changement de culture devait avoir lieu, mais aussi qu'il était important de démontrer que la gestion d'énergie va bien au-delà des conditions de terrain et s'applique aussi à la gestion de l'actif et à sa valeur. De plus, à la conclusion de la première édition, nous avons observé que les émissions de GES s'étaient accélérées considérablement durant les quatre dernières années. Il n'en fallut pas plus pour qu'un accent particulier soit mis sur la réduction de GES lors du DÉI 2.0. »

Attentes et résultats escomptés

Comme d’aucuns le savent, l'année 2022 aura été celle d'un retour à une certaine normalité suivant la pandémie de la COVID, et l'industrie du bâtiment n'a pas échappé aux conséquences qui y sont attachées. Les organisateurs ne peuvent réprimer une certaine déception, mais y trouvent assurément une explication.

« La référence pour l'année 2022 étant 2021, nous ne sommes pas étonnés de la détérioration des indicateurs d'intensité énergétique et des GES, explique le directeur du DÉI. Nous comprenons qu'il s'agit d'une situation contextuelle du fait de la pandémie. Par conséquent, une augmentation globale de l'intensité énergétique de 6 % par rapport à 2021 a été observée, ainsi qu'une augmentation de l'intensité des GES de 5 % par rapport à 2021. »

Néanmoins, il faut savoir que l'année 2018, soit celle du lancement du DÉI, constitue la référence ultime pour la performance des 167 participants qui présentent leurs données. Et les résultats obtenus se sont avérés encourageants : une réduction globale de l'intensité des émissions des gaz à effet de serre de 18 % en 2022 par rapport à 2018 a été constatée. C'est sans compter la réduction globale de l'intensité énergétique de 13 % en 2022 par rapport à 2018.

Montée en puissance du Défi

D'année en année, un nombre croissant de participants répondent présent à l'appel du Défi. Et contrairement à ce que l'on pourrait croire a priori, ce n'est pas nécessairement pour remporter la compétition. Certains voudront démontrer leur implication vers la transition énergétique et la décarbonation des immeubles; d'autres, se comparer avec leurs pairs afin de savoir où ils se situent les uns par rapport aux autres. Ou d'autres encore y voient une opportunité pour partager les expériences et les leçons apprises – les bonnes comme les mauvaises.

Pour Ichrak Lakhdhar, gestionnaire Énergie et durabilité chez BGIS dont quatre des immeubles ont été primés lors du DÉI dernier1, l'adhésion au DÉI représente une opportunité unique de partager expériences et connaissances et mettre en œuvre de nouvelles solutions. « L'élan apporté par le Défi permet de réaliser l'ambition de maintenir notre position et par la même occasion, de s'améliorer et de faire part de ce qui nous a menés à décrocher ces prix. En somme, le fait de pouvoir communiquer le pourquoi des choses, c'est vraiment ce qui nous tient à cœur parce que c'est un objectif commun et non un objectif individuel qui profitera à tous. »

Andréa Daigle et Ichrak Lakhdhar

Parallèlement, Andréa Daigle, conseiller expert Programmes écoénergétiques chez Beneva, dont l'immeuble Le 2475 situé sur le boulevard Laurier à Québec s'est démarqué en décrochant un prix dans la catégorie Performance réduction de GES/bureaux de 5 000 à 15 000 m2, appuie avec enthousiasme le Défi énergie en immobilier. À ses yeux, cette compétition ne représente rien de moins qu'un accélérateur de résultats qui maintient les efforts et qui permet aux équipes de se mobiliser.

« Notre édifice gagnant, Le 2475, est un exemple intéressant des efforts consentis. Notre motivation de participer au Défi vient du fait que c'est une démarche officielle qui, en outre, offre un outil très intéressant, la plateforme Energy Star Portfolio Manager, mesure et suit la performance énergétique de nos immeubles avec des risques d'erreurs passablement réduits. Cet outil constitue pour nous un tableau de bord qui agit comme un complément pour maintenir nos efforts et du fait même, encourage nos équipes à poursuivre dans la bonne direction. »

Il va sans dire que des retombées positives pour la société découleront de tous ces efforts fournis à l'unisson. Andréa Daigle renchérit sur la pertinence du Défi : « C'est une manifestation des valeurs de l'entreprise et de nos engagements quant aux enjeux environnementaux, humains et économiques qui démontre à la société que les choses peuvent se faire. Et Le 2475 en est un bon exemple puisque nous sommes parvenus à réduire les émissions de GES, qui sont passés, entre 2019 et 2023, de 44,3 kg par mètre carré de GES annuels à 11,5 kg par mètre carré et ce, pour un immeuble pour lequel seules des mesures d’optimisation opérationnelles ont été mises en œuvre avec notre équipe d’exploitation. »

Stratégies diversifiées

Les approches mises de l'avant pour réduire la consommation énergétique et les émissions de GES sont autant diversifiées qu'il y a de bâtiments uniques. « Il n'y a pas de recette fit-for-all, mais plutôt une combinaison de recettes qui fait en sorte que ça fonctionne, tient à rappeler Mario Poirier. Cependant, la base du succès c'est d'avoir l'adhésion de tous, c'est-à-dire, autant l'engagement de la haute direction, de la gestion de l'actif comme celui des gens de terrain. »

Le 2475 boulevard Laurier, à Québec, s’est distingué en décrochant un prix dans la catégorie Performance réduction de GES/bureaux de 5 000 à 15 000 m2. Photo : Beneva

Pour sa part, Andréa Daigle place les données aux premiers rangs des mesures préconisées. « L'idée c'est de saisir les données. On ne peut pas prétendre gérer ce que l'on ne connaît pas ! Et Portfolio Manager est l'outil tout désigné pour constater les résultats et pour savoir où on se situe. Ensuite viendra la planification où l'on adopte des stratégies, puis l'implantation. Une fois fait, on consulte les résultats, donc on mesure, on corrige puis on sensibilise. »

Même son de cloche du côté d’Ishrak Lakhdhar : « La règle d'or est que l'on ne peut pas contrôler quelque chose que l'on ne peut pas mesurer. L'approche que mon équipe et moi avons adoptée pour tirer le meilleur parti de notre stratégie de gestion de l'énergie de notre portefeuille de bâtiments – l'amélioration continue en matière d'énergie – consiste à utiliser des outils évolués pour analyser l'intensité énergétique de tous nos bâtiments puis de la comparer à une année référence afin de savoir lesquels performent le mieux. »

Les résultats obtenus sont prometteurs et s'avèrent une très grande source de motivation et de satisfaction pour tous ceux qui adhèrent au DÉI. « Le Défi énergie en immobilier va bien au-delà de créer et d'atteindre ses objectifs, car par le biais de ses actions, il apporte très certainement une contribution au changement de culture par rapport à l'énergie et aux GES. L'adhésion, c'est une chose, la compétition, en est une autre, mais de ressentir qu'il y a un véritable vent de changement dans le milieu, c'est la plus grande fierté que l'on ne peut pas avoir », affirme sans ambages Mario Poirier.

1. Soulignons que BGIS qui voit à la gestion des immeubles du gouvernement fédéral a été primée dans les catégories suivantes : Leadership de la saine gestion de l’énergie – Performance réduction de GES/bureaux de moins de 5 000 m2 pour le 1575 Chomedey — Performance réduction de GES/bureaux de plus de 15 000 m2 pour le Complexe Guy Favreau, tour ouest — Amélioration de la performance énergétique, bureaux de moins de 15 000 m2, pour le 120 de la Reine.

Six bonnes raisons de participer au DÉI
  • Favoriser le développement de l'engagement des participants et parvenir à le démontrer
  • Reconnaître le Québec en tant que chef de file dans le secteur de la décarbonation
  • Atteindre l'objectif du gouvernement d'ici 2030
  • Être un leader et une inspiration pour le reste de la communauté
  • Pouvoir partager son savoir-faire
  • Contribuer à réduire l'impact du secteur immobilier dans sa lutte contre les changements climatiques
Les objectifs du Défi
  • Mettre en œuvre une compétition conviviale
  • Créer un milieu dynamique en termes de gestion d'énergie qui sollicite l'engagement, notamment celui de la haute direction et de toutes les parties prenantes
  • Pouvoir se comparer et évaluer les efforts fournis en ce qui concerne les pairs de l'industrie
  • Bénéficier des stratégies qui ont été employées par les pairs
  • Atteindre la carboneutralité d'une façon conviviale
  • Saisie et interprétation des données
  • Planification
  • Implantation
  • Mesurage